Toute la semaine durant, les témoins et experts se sont succédés à la barre, déroulant avec horreur les explications sordides et les méfaits du geste. Durant tout le procès, la pratique a été montrée du doigt, le juge refusant même le huit clos pour que toute l'ignominie puisse être étalée sur la place, que le symbole puisse être suffisamment fort.
Pourtant, à aucun moment les filles, pourtant victimes, n'ont critiqué leurs parents. A aucun moment, elles n'ont reproché la pratique dont elles ont subit les désagréments. A aucun moment, elles n'ont même compris qu'elles étaient victimes. L'amour de leur parents, la force du lien communautaire, le poids de leurs croyances et coutumes ont-ils eu raison de leur libre arbitre ? Leurs pleurs à l'énoncée du jugement en disent long sur leur incompréhension.
Ce procès de l'excision servira sans doute d'exemple, comme le souhaitait le juge. Une référence qui obligera ceux qui la pratiquent à plus de discrétion à défaut d'abandonner leur coutume. Mais elle n'enlèvera en rien l'amertume que peuvent avoir ces filles contre la décision qui a été prise, une blessure nouvelle qu'elles mettront du temps avant de refermer, parce que depuis cette brèche, elles vont se retrouver au bord de l'abîme, à devoir faire le choix de renier les pratiques de leurs ancêtres, d'être des parias, celles par qui le scandale est arrivé.
Une bonne décision sans doute au regard de notre société, mais un long parcours du combattant qui commence pour ces enfants qui après la torture communautaire sont confrontés à la torture de la justice des hommes.