Fais ta prière ! Le condamné
« Fais ta prière !
Avec si peu de chance
Ce sera la dernière. »
Je sens comme une absence.
« Fais ta prière ! »
Il est devant la porte
Il attend que l'on sorte
Son sourire est amer
Son regard est brûlant
Ses deux poings sont serrés
Son visage est troublant
Son fusil est glacé.
« Fais ta prière ! »
Nos vies sont éphémères
Mais je veux la garder.
Dieu m'a abandonné.
Ses yeux semblent nous dire
Qu'on ne pourra sourire
Qu'on ne pourra pleurer
Qu'on restera figé.
« Fais ta prière ! »
Sa voix sourde et profonde
Creusait ainsi nos tombes.
Je sens comme un hiver.
Je veux choisir ma mort
Pousser mon dernier cri
Mais il répète encore
Qu'ici finit la vie.
La pièce est froide et noire.
La chaise est là... Ce soir
S'éteindra mon histoire.
Conservez la mémoire,
Mais vos mains sont déjà souillées.
J'ai trop donné...
J'ai trop parlé...
Pourquoi m'avoir laissé sombrer ?
« Fais ta prière !
Avec si peu de chance
C'est déjà la dernière. »
Je sens comme une absence
Comme un rideau qui tombe...
Mourir les yeux fermés !!...
Écrivez sur ma tombe :
« Est mort assassiné. »
Benoît Malthet,
le 26 Novembre 1995.